Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, encores quil ne se soict pacé chose de merite deppuis mes dernières lettres, toutesfois pour
2voullu voir partir ce corrier sans lacompagner de ceste, lequel est depesché de mon seigneur
4de Nevers pour aller devers leurs magestez ; et par ceste depesche, je vous dorray advis comme
5mondit seigneur faict estat partir le vinct deulxziesme du present pour aller trouver ses
6gallères afin que seur icelles il puisse reprandre le chemin de la France et
7parce quil a plusieurs advis quil y a le long de la coste de Gênes et de Tusquane
8sept galliottes, il cest resoullu de prendre son adresse pour là, seclarssir de la verité,
9afin que si ses advis sont bons, il puisse audit Gênes se fortiffier pour la sceuretté de
10son pasage ; sepandant, il a prie des fregates bien armées, lesquelles vont de conserve
11jusques audit Gênes, où nous esperons trouver encores monsieur de Laval votre filz acompagné
12de messieurs de Crylhon et d’Aubres, lesquelz des sont partis deppuis quatre jours pour
13aller au rancontre du seigneur Andriette Doryé, lequel na sceu partir sy tost que
14larmée d’Espagne pour la longueur des lansquenetz, lesquelz lon na sceu ny peu pour
15plusieurs raisons faire embarquer plus tost, estant deliberez apprès avoir trouvé ledit sieur
16Doryé de sen aller avecques luy jusques à Napples où il espère trouver toute ladite
17armée de laquelle lon a nouvelles ne ce pouvoir trouver en terme de servir que ce ne
18soict la fin de ce moys quy est le mesme tamps que lon tient que larmée turquesque
19sera contraincte de ce retirer ; et apprès Don Johan d’Ostrye faict estat datacquer Tunis
20à laquelle lon cuyde ny avoir neulle defance, dautant que cest une mauvaise ville et de
21trop grant garde ; et par ce moien, elle ce porra prandre, chose que si il avient, le roy
22d’Espagne veut quelle ce fortiffie, et pour cest efaict, la plus part de larmée ivernera là,
23sepandant quelle se mestra en terme de defance et le reste de ladite armée ira passer
24livert en Cesille. Voyla ce que en dye ou escripve ceulx quy cuydent en savoir quelques
25chose. Et pour revenir à monsieur votre filz, il est party, deliberé danvoir ce quil en
26sera, ayant bien depleu à monseigneur de Nevers de le voir en aller en sy petite trouppe, car
27il nest rien si vray que seur toutes les gallères, il ny a neulz Françoys que quelques
28souldartz, mais il a la voulunpté si belle et est sy curieulx daprandre de bonn[e]
29heure qui vaut lesperance quil a voullu suyvre le dessein quil en avoict faict [déchiré]
30bien vous supplierayge vous assurer que estant revenu de mon voyage seulemente ung
31jour avant quilz voulussent partir, je fis ce quil me feut possible pour leur
32oster lopinion de faire ce voyage, chose que javois faict ung coup, mais apprès ilz le remirent
33sur pied de façon que, mayant assuré monsieur de Laval que vous le voulliez, je ne seulx
34[v] que luy respondre, sinon que luy offrir tout ce quy estoict de mon moien et priant
35Dieu quil luy donne autant de satisfation que je men desire, car seur ma foy
36se sera si Dieu le conserve ung brave gentilhomme et que je massure fera [ce]
37quy vous seront agreables et de bon naturel est-il. Or pour conclusion
38et qan vous pourront tesmogner comme le tout est passé et de quelle façon
39my suis conduict quy sera que je ne vous en feray poinct plus long discours,
40seulement vous priiège croyre que le ne verray poinct me nestre doccasion pour
41servir quelques ungz des votres que le ne my rande affectionné ainsy que je
42le debvey sperer ; dung quy vous est
43très humble et hobeyssant à vous
44faire service
45ane maugeron
46Deppuis ma lettre escripte, il est venu icy nouvelles de Venise
47comme le Turc a pris quatre gallères et quatre nefz
48chargées de souldartz et de munitions quy prenoict la route
49de Quandye, de façon quilz sont maitres de la mair. Les
50Venitiens se pleignent de la longueur de Don Johan d’Estrye
51et luy ce desol[e] de leur inrresoullution. Vous porrez juger
52que ses choses là vallent.